Exposition Interlaced #3

 Hallstatt 383

Aujourd’hui dans ce nouvel article de la série consacrée à l’exposition Interlaced, nous allons nous éloigner un peu de Cambridge. Je vous ai parlé dans le dernier article disponible ICI, du galon des diamants de Cambridge que j’ai reproduit et exposé en début d’année. Vous avez du vous en rendre compte en lisant mes articles de blog, j’aime bien faire des introductions énigmatiques. Une fois n’est pas coutume, nous allons ici parler de tissage aux cartes, de sel et de paradis touristique niché au cœur des Alpes.  

Vous pouvez retrouver le premier article consacré à l’exposition Interlaced juste ICI.

photo de l'exposition Interlaced avec des galons tissés aux cartes - photo par Kristof Jeney

Hallstatt, Autriche 

Si vous tapez sur votre moteur de recherche favori le mot « hallstatt » vous allez tomber sur la ville autrichienne du même nom. Véritable petit paradis niché au cœur des Alpes autrichienne au bord d’un lac d’altitude aux eaux turquoise et aux forêts verdoyantes. Vraiment, je vous invite à aller jeter un coup d’œil pour découvrir cet endroit magnifique ! Mais je ne me suis pas subitement transformée en agence de voyage et je ne vous parle pas non plus de mes prochaines vacances (quoi que …). Non, ce qui est intéressant à Hallstatt ce sont la présence d’une grande quantité de mines qui sont les plus vieilles au monde. Et pas n’importe quelle sorte de mines, ce sont des mines de sel et cela à toute son importance ! D’une part parce que le sel est une denrée précieuse qui a fait la richesse de la région depuis l’antiquité. Mais aussi parce que le sel est un excellent conservateur. Et c’est cet aspect-là qui nous intéresse particulièrement dans le tissage aux cartes.  

 

Les mines de sel d’Hallstatt ne sont plus exploitées mais elles ont livrées des trésors bien plus précieux que l’ « or blanc » qui a été extrait de ses galeries au cours des millénaires. En effet, plusieurs corps ont été découverts dans des galeries et les archéologues autrichien·ne·s pensent que d’anciennes galeries ont pu servir de nécropole. Là les corps ont été retrouvés dans un état de conservation incroyable mais également les textiles qu’ils portaient sur eux, et cela grâce au sel présent dans les parois des galeries. Au cours des dernières décennies, plusieurs galons tissés aux cartes ont été retrouvés dans les mines d’Hallstatt, dans des états magnifiques alors qu’ils ont été datés entre le VIe et le VIIIe siècle avant notre ère. Mais aujourd’hui, je souhaite vous parler plus en détail de la dernière découverte effectuée dans les mines autrichiennes. 

HallTex 383 

De son petit nom HallTex 383, ce galon tissé aux cartes et le dernier à avoir été découvert dans les mines de sel d’Hallstatt. Des recherches archéologiques ont lieu dans ces mines depuis les années 60 et ce n’est donc pas le premier trésor tissé qui est mis à jour. Ce fragment de galon a été daté entre 720 et 660 avant notre ère et comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous il est dans un état incroyable ! 

photo du galon HallTex 383 retrouvé dans les mines de sel d'Hallstatt et daté du VIIe siècle avant JC

De nombreuses études ont été faites sur ce galon et vous pouvez les retrouver dans le numéro 66 de l’Archaeological Textiles Review que vous pouvez retrouver en suivant le lien juste ici : https://atnfriends.com/index.php/2024/12/25/archaeological-textiles-review-66 

La reconstitution du galon

Alors vous vous doutez bien que lorsque j’ai lu les derniers rapports de recherche sur ce galon, j’ai essayé de le reproduire. Si vous avez consulté l’article de l’Archaeological Textiles Review, vous avez du remarqué qu’un important travail de reconstitution a été fait par les archéologues sur place. Je me suis donc basée sur leur travail pour faire ma propre reproduction.

 

J’ai d’abord commencé par étudier le motif en détail pour déterminer le nombre de cartes nécessaires au tissage et le placement des fils à l’intérieur de celles-ci. Comme vous vous en doutez, il m’a fallut un certain temps avant d’avoir un résultat satisfaisant et heureusement que je ne partais pas de rien grâce aux travaux sur lesquels j’ai pu m’appuyer ! A la suite de ça, j’ai monté un « galon test » en coton et les essais ont commencé. Il m’a fallu de nombreuses tentatives avant de trouver le motif exact du HallTex 383 et c’est ça qui est beau dans l’archéologie expérimentale : avoir un moment de triomphe quand le tissage fonctionne enfin après des dizaines de tentatives. 

Tests pour la reproduction du galon HallTex 383
Tests pour la reproduction du galon HallTex 383
Tests pour la reproduction du galon HallTex 383
Tests pour la reproduction du galon HallTex 383

A la suite de ce « galon test », une fois que j’ai réussi à obtenir le motif que je voulais et à en écrire le patron, je me suis lancé sur un tissage plus présentable. J’ai donc repris le même montage des cartes et cette fois j’ai utilisé de la laine teinte à la main par une artisane passionnée qui travaille proche de chez moi. Le but était d’avoir une reproduction du galon d’Hallstatt, le plus proche possible de l’original pour les couleurs et dans une matière naturelle.

Armée de mes pelotes et de mes cartes, j’ai donc commencé la reproduction du galon d’Hallstatt que j’allais présenter lors de l’exposition Interlaced à Cambridge. L’intérêt de présenter ce tissage en particulier était de montrer les derniers états de la recherche et que l’archéologie n’est pas seulement quelque chose de poussiéreux dans les musées. Ce galon m’a donc permis de présenter et d’expliquer le principe de l’archéologie expérimentale à un public qui venait voir une exposition d’art et ne s’attendait donc pas à voir la reproduction de quelque chose d’aussi vieux. Et si la plupart des personnes ont été surprise de connaître l’âge de l’original et de découvrir le processus pour le reproduire, toutes ont été émerveillées. 

reproduction du galon HallTex 383
reproduction du galon HallTex 383

Et comme vous avez pu le voir dans les articles précédents consacrés à l’exposition Interlaced j’ai envoyé plusieurs galons à Cambridge. Je vous ai déjà parlé de la reproduction des Diamants de Cambridge et il restera ensuite un dernier galon à vous présenter ici. Alors, restez à l’affut ! 

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